Pousser en ton profond
Dans ce Graal qu’est notre union
Mon vit sculpté dans ta côte
Et t’arracher ce que condamna notre hôte
La salve annonçant la vie
Ce cri que tu eus et que je prie
Comme l’on loue l’extase interdite
Dans la rébellion dans ta suite

Pousser en ton profond
Langage pour dieu abscons
Mon âme à jamais dévote
De ce péché originel que l’on n’ôte
A celui qui en toi vit
Un jour faste qui seul en toi luit
La source merveilleuse et maudite
De la connaissance érudite

Trouver en ton profond
Ton cri le meilleur des fruits
Ton cri le meilleur des fruits

AuteurYann Frey

 

MOT DE L’AUTEUR
Malgré mon athéisme, écrire sans foi m’est impossible. Premièrement parce que je trouve que la référence religieuse a le merveilleux pouvoir d’offrir une caution culturelle aux œuvres ultra contemporaines; deuxièmement parce que j’ai besoin de croire en l’émotion primitive qui me vient au moment de l’écriture. D’où l’idée de m’appuyer sur l’Ancien Testament pour la rédaction de mon texte et sur la mythologie grecque pour l’illustrer.

Quand j’ai voulu écrire mon premier poème érotique, je me suis dit qu’il devait davantage être un hommage à l’individualité de l’être aimé qu’à l’acte amoureux lui-même. Dans ces quelques vers, je me sers du couple originel pour sacraliser une relation profane. Adam explique qu’il n’éprouve aucun regret. C’est pourle meilleur des fruitsqu’il a croqué la pomme et a été châtié de l’Eden. Il explique aussi (dès le troisième vers) que c’est en connaissant Eve qu’il s’est senti naître. Son origine est divine, mais c’est la femme qui lui inspire ses motivations; par extension, qui lui inspire la volonté de vivre. Voilà ce que, dans Et moi, Adam, je veux, dit le narrateur à celle qu’il aime et qui l’a quitté: Sans toi je ne veux rien, pas même poursuivre mon existence, sinon te connaître encore.

Mais pour être honnête, je dois avouer que ce poème n’est pas vraiment érotique puisque le narrateur s’exprime après l’amour et dans l’espoir de le vivre à nouveau. C’est une supplique qui porte le masque de l’élégie.

À PROPOS DU DOCUMENT ICONOGRAPHIQUE
Psyché et Cupidon
Vitrail n°12 de la Galerie de Psyché, Château de Chantilly.

Dessiné par Michel Coxcie au XVIème siècle, les vitraux de la Galerie de Psyché ont été réalisés par un maître verrier pour lequel les lignes de plombs permettaient de sublimer les représentations iconographiques. En ce sens, on remarque ici qu’elles ceignent une seule et même pièce de verre; Psyché et l’Amour enfin unis.

La matière n’est pas colorée dans la masse, il s’agit d’un verre blanc sur lequel l’artisan a peint dans des tons ocres (style épuré jusqu’alors inédit dans la conception de vitraux). Seules les chevelures des personnages rehaussent l’ensemble de cuivre et d’or. Si cette préciosité est représentative de la hauteur mythologique du sujet, c’est aussi une référence à la séduction puisqu’à l’épisode lors duquel les cheveux de Psyché sont parfumés avant qu’elle ne rencontre l’Amour.

Henri d’Orléans, Duc d’Aumale et propriétaire du Domaine de Chantilly de 1830 à 1897, fait restaurer ladite série de 42 vitraux après l’avoir importée d’Ecouen et adaptée aux fenêtres de son château. Il en profite pour l’enrichir d’un texte datant de la renaissance. Voici celui qui accompagne le douzième vitrail:

Quand il fut nuit et le lit bien paré,
Psyché se couche, Amour la vint chercher
En laissant trousse et dard bien acéré
Entre ses bras nu à nu va couché

Qui l’eut alors gardé de lui toucher
Il lui promet et jure un grand serment
D’estre à jamais le sien époux très cher
Dont le Prince fut volontairement

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